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Éléments biographiques
Déclaration
Je veux marquer ce jour par l'expression d'un désir entretenu
depuis longtemps : celui de devenir citoyenne de l'Inde. Dès ma première venue
en Inde, en 1914, je sentis que l'Inde était ma vraie patrie, le pays de mon âme
et de mon esprit. J'avais décidé de réaliser ce désir aussitôt que l'Inde serait
libre. Mais j'ai dû attendre en raison des lourdes responsabilités que j'exerce
ici, à Pondichéry, en liaison avec l'Ashram. Maintenant le moment est venu pour
moi de me déclarer.
Mais conformément à l'idéal de Sri Aurobindo, j'ai l'intention
de montrer que la vérité réside dans l'union plutôt que dans la division.
Rejeter une nationalité pour en adopter une autre n'est pas une solution idéale.
J'espère donc être autorisée à adopter une double nationalité, c'est-à-dire
rester Française tout en devenant Indienne.
Je suis Française de naissance et de première éducation. Je suis
Indienne par choix et prédilection. Dans ma conscience, il n'existe aucun
antagonisme entre les deux, au contraire, ils se combinent très bien et se
complètent mutuellement. Je sais aussi que je pourrai être également utile aux
deux pays, car mon seul but dans la vie est de donner une forme concrète au
grand enseignement de Sri Aurobindo et, dans son enseignement, il nous révèle
que toutes les nations sont essentiellement une et destinées à exprimer l'Unité
divine de toute la terre à travers une diversité organisée et harmonieuse.*
15 août 1954
Douce Mère,
L'administrateur qui prépare les listes électorales veut
inclure le nom de la Mère dans ces listes. Si la Mère le permet, je donnerai son
nom.
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Oui.
Et s'ils demandent la nationalité, mettez Indienne*
12 avril 1955
Ne remplis pas le formulaire pour mon ou mes livres — je ne
réclame aucun droit d'auteur — et je refuse de répondre à la question posée.
Il est vrai que ce corps est né à Paris et que son âme a déclaré
qu'elle était Indienne, mais je n'appartiens à aucune nation en particulier. Et
comme les administrations ne peuvent comprendre cela, je refuse d'avoir à faire
avec elles.
14 février 1968
Les réminiscences seront courtes.
Je suis venue dans l'Inde pour rencontrer Sri Aurobindo ; je
suis restée dans l'Inde pour vivre avec Sri Aurobindo. Quand il a quitté son
corps, j'ai continué à vivre ici pour faire son œuvre : servir la vérité et
éclairer l'humanité, afin de hâter le règne sur la terre de l'Amour Divin.*
21 février 1968

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Ne me posez pas de questions sur les détails de l'existence
matérielle de ce corps ; ils n'ont en eux-mêmes aucun intérêt et ne doivent pas
retenir l'attention.
À travers toute ma vie, sciemment ou sans le savoir, j'ai été ce
que le Seigneur a voulu que je sois et j'ai fait ce que le Seigneur a voulu que
je fasse. C'est cela seul qui compte.
En regardant le Samâdhi :
Je ne veux pas être adorée. Je suis venue pour travailler, non
pour être adorée. Qu'ils T'adorent, Toi, autant qu'ils le veulent et qu'ils me
laissent silencieuse et cachée, faire mon travail sans être dérangée. Et de tous
les voiles, le corps est le meilleur.
Que ce soit la dernière fois que quelque chose de ma vie passée
est mentionné en public ! — ce corps ne veut pas qu'on parle de lui — il
veut être tranquille et, autant que possible, ignoré.*
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